8/9 mai 1915, échec sanglant devant Krithia

Comme prévu le 7 mai au soir, l’offensive alliée reprend le 8 mai pour tenter, enfin, de conquérir Krithia et l’Achi Baba pour les Britanniques, et pour les Français de consolider leur emprise sur la cote 300 et bien sûr franchir le Kérévès Déré.

L’offensive reprend d’abord sur le front de la 29th Division britannique à 10h30. Malgré l’appoint de la brigade néo-zélandaise, l’avance est très lente. Les pertes sont une fois de plus très importantes. Devant la lenteur des Britanniques, le général d’Amade n’engage pas ses troupes à fond.

A 16h30, Hamilton donne l’ordre à l’ensemble de la ligne anglaise de se préparer pour un mouvement général sur toute la ligne pour 17h30. Il prévient d’Amade et espère que les Français sauront profiter de cette occasion.

A 16h55, d’Amade transmet l’instruction à ses subordonnés dans les termes suivants : « les troupes se porteront en avant et bousculeront toutes les résistances qui pourraient s’offrir devant elles. Les tambours et clairons placés sur le front si c’est nécessaire sonneront la charge. L’artillerie préparera sur tout le front cette offensive générale. » Les régiments coloniaux de la brigade Simonin sont en tête.

Comment qualifier un tel aveuglement après deux jours de carnage face aux mitrailleuses et l’artillerie ottomanes ? Comment encore donner un ordre tactiquement aussi stupide ? Comme la veille et l’avant-veille, les troupes courageuses, braves, s’élancent et c’est bien sûr un nouveau carnage. Malgré tout, « deux lignes successives d’ouvrages sont emportées à la baïonnette. »

Malgré une violente contre-attaque turque qui profite de la confusion dans les rangs français où toutes les unités sont mélangées, les coloniaux restent maîtres de l’essentiel du terrain et enlève même une dernière redoute, la redoute « Bouchet » sur l’éperon I69D.

Le 9 mai, face à l’hécatombe, Hamilton et d’Amade décide enfin de suspendre les opérations offensives et procèdent à la réorganisation des unités et la relève des premières lignes. Le bilan est terrible, on compte plus de 6 500 morts, blessés, disparus ou prisonniers dans les rangs alliés pour quelques centaines de mètres de terrain conquis. L’espoir d’une percée du dispositif turc s’amenuise de plus en plus malgré l’arrivée de renforts.

SYLVAIN FERREIRA