Les fous du ciel

Alors que la bataille s’enlise au sol, les avions de l’escadrille MF 98 T traquent les Ottomans loin derrière leurs lignes tandis que les équipages bricolent des bombes improvisées.

Le 16 mai 1915, une note nous apprend que les Farman de l’escadrille MF 98 T (réduits à 7 suite à un accident où un avion est perdu en mer) sont répartis à raison de 2 avions pour l’observation et le réglage d’artillerie – ces avions se posant sur la périlleuse piste du cap Hellès pour communiquer les résultats de leur vol aux troupes. Deux autres yeffectuent un travail photographique, 2 sont réservés aux reconnaissances à grande distance et un pour le bombardement. Cette dernière activité va vite prendre une part prépondérante, afin de harceler les colonnes de ravitaillement turques qui n’ont que de médiocres routes pour leurs convois.

Le Farman français, tout comme leurs camarades britanniques, emmènent une bombe lors de chaque mission qu’ils lâchent sur tout ce qui bouge, au point d’entraîner des protestations du Croissant rouge qui se plaindra le 11 juin qu’un hôpital est bombardé, fait que dément formellement Césari. Si les hommes de Samson sont bien équipés en projectiles, les aviateurs français doivent improviser un atelier de transformation d’obus de canons de marine sur lesquels ils soudent des ailettes et adaptent une amorce à retardement.

Le commander Samson se souvient : « Césari n’était pas homme à reculer. Il est parti de lui-même un jour bombarder Soghan Deré, emmenant une bombe équipée d’une amorce à retardement. Le levier de largage était actionné par l’observateur, qu’il allait chercher à Hellès. En route de Ténédos à Hellès, il a soudain réalisé que l’amorce s’est actionnée. Il savait que la seule chose à faire était de larguer la bombe et que celle-ci allait exploser dans quelques secondes. Du poste de pilotage il ne pouvait atteindre le levier de l’observateur, il s’est alors levé pour atteindre l’arrière de la nacelle. Il fallait le faire : si vous lâchez les commandes, le Farman ne vole pas précisément tout seul… La bombe est tombée 70 mètres plus bas. Puis il a rallié Hellès, a atterri, a chargé une bombe du même type et est parti pour son bombardement de Soghan Deré… »

DAVID MECHIN

Le texte ci-dessus est extrait de l’excellente étude réalisée par David Méchin sur l’aéronautique militaire aux Dardanelles et mise en ligne par Denis Albin. Nous avons essayé, en vain, de contacter les auteurs pour travailler avec eux via le mail laissé par M. Denis Albin sur son site mais l’adresse semble « morte ». Si vous les connaissez personnellement, merci de nous envoyer un mail « actif » pour prendre contact.