Le Comité des Dardanelles ou l’impasse stratégique

Après la dissolution du War Council, le nouveau comité dit des Dardanelles, présidé par Kitchener, se réunit le 28 mai pour examiner les options qui permettraient de sortir de ce qui est devenu le piège des Dardanelles.

Depuis la mi-mai, les Alliés sont contraints d’abandonner toute idée de forcement naval des Détroits en raison de l’apparition des sous-marins allemands. La crise est devenue politique en Grande-Bretagne et Churchill, l’instigateur du projet est contraint de démissionner. Il est remplacé par Balfour. Fin mai, c’est donc dans une atmosphère étouffante que les membres du nouveau Comité des Dardanelles étudient une sortie de crise. Bien sûr, les Français sont absents et l’idée qu’ils défendent, depuis le début de l’opération, de débarquer sur la côte asiatique n’est même pas évoquée !

Les Alliés ont trois options sur la table :

1/ Tout simplement abandonner et organiser un rembarquement des l’ensemble de leurs forces.

2/ Poursuivre en augmentant d’un seul coup les effectifs par l’engagement de nouvelles divisions

3/ Poursuivre le « grignotage » au gré de l’arrivée des renforts disponibles, sans certitude de percer le front ottoman.

La première option est rejetée car ce serait accepter un échec cuisant contre un adversaire réputée bien plus faible. La seconde ne peut tout simplement pas être mise en oeuvre faute de réserves suffisantes. C’est donc la troisième option qui est retenue d’autant que Sir Ian Hamilton et son état-major, notamment le général Birdwood, ont eux aussi développé un plan pour déborder les positions ottomanes dans le secteur occupé par l’ANZAC.

Les reconnaissances menées dans le secteur du Chunuk Bair ont révélé que les positions turques sont faiblement défendues. Birdwood suggère d’effectuer un mouvement tournant pour attaquer les hauteurs de Sari Bair par le nord-ouest. Pour garantir le succès de cette attaque, il faudrait le renfort d’environ 4 000 hommes issus de la brigade hindoue et des Gurkhas (combattants originaires du Népal).

Anzac plan

En pointillé les positions occupées par l’ANZAC fin mai 1915. La flèche rouge indique le mouvement général recommandé par Birdwood.

L’élaboration du plan final prendra encore toute la première moitié du mois de juin. Pendant ce temps, les forces déjà engagées dans la péninsule préparent la troisième bataille de Krithia.

SYLVAIN FERREIRA