Pour la première fois depuis le débarquement du mois d’avril, les unités installées dans la pointe sud de la péninsule ne participent pas directement à l’offensive principale. Leur action est là pour retenir les troupes ottomanes et drainer des réserves de von Sanders afin que les troupes de l’ANZAC et du 9ème corps de Stopford puissent réaliser une percée suite au débarquement britannique dans la baie de Souvla.
L’attaque de diversion commence le 6 août dans le secteur britannique. La 29th division (88ème brigade) réussit dans un premier temps à atteindre la première ligne turque mais elle est subit une vive contre-attaque et doit se replier sur sa base de départ. Le lendemain, la 42nd division britannique repart à l’assaut. Seule une tranchée ottomane est occupée complètement et une autre partiellement. Les pertes sont lourdes dans les rangs britanniques : plus de 3 000 soldats hors de combat entre le 6 et le 9 août.
Côté français, dans le secteur de la 1ère division, le 1er RMA et le 175ème RI sont en tête tandis que la brigade coloniale est en réserve. L’escadrille MF 98T apporte son concours avec un avion d’observation pour surveiller l’artillerie ottomane et un autre qui doit signaler tout mouvement de troupes qui tenteraient de renforcer les premières lignes turques. L’offensive démarre donc le 7 août à 11h. Les compagnies d’attaque n’ont pas atteint la première ligne ennemie qu’elles sont contre-attaquées de flanc et reconduites dans leurs lignes où les Ottomans réussissent même à prendre pied. La liaison entre les deux régiments d’attaque de la 1ère division est menacée. Les Ottomans occupent toutes les tranchées entre K-16 et J. Il faut une fois encore un violent combat au corps-à-corps mené par les hommes du 1er RMA pour les repousser. L’attaque de la tranchée K-5 est également un échec, les Français sont immédiatement fauchés par les tirs des mitrailleuses. Seule l’action contre la position K-1 aboutit à la prise de la partie droite de l’ouvrage. Les troupes s’installent malgré de lourdes pertes et aménagent la position face au nord pour prendre de flanc K-17.
Sur le front de la 2ème division, le 176ème RI et le 2ème RMA sont en première ligne et, comme pour la 1ère division, la brigade coloniale est en réserve. Une fois de plus, les troupes franchissent le parapet et se déploient sur deux lignes de deux compagnies chacune qui se suivent à quelques secondes d’intervalle. L’élan de l’attaque est immédiatement brisé par le feu nourri des mitrailleuses ottomanes (qui prennent les fantassins de flanc) et par un contre-barrage d’artillerie qui atteint même les deuxième et troisième lignes françaises. Les pertes au sein de la première vague sont nombreuses et plusieurs cadres sont tués ou blessés. Toutes les compagnies se replient. Aucun objectif n’est atteint.
Dans le rapport des combats dressé dans le JMO du 176ème RI, on apprend que malgré l’excellente préparation d’artillerie française, les tranchées ottomanes ont protégé efficacement les fantassins. Cela explique l’intensité de la fusillade qui accueillent l’assaut français. La journée du 8 août se passe à consolider les maigres gains de la veille et à se lier à l’éventuelle avance des troupes britanniques qui n’interviendra pas. Cette dernière attaque du Kérévès Déré est donc un nouvel échec tactique même si le général Bailloud considère dès le 8 août que la mission stratégique consistant à retenir l’attention des Turcs au sud de la Péninsule est atteinte. Cette opération aura coûté, une fois de plus, très cher : on dénombre 239 morts, 424 blessés et 101 disparus le 9 août au matin. Le Kérévès Déré restera donc entre les mains des Ottomans jusqu’à la fin de la campagne.
SYLVAIN FERREIRA
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