Alors que la nuit du 27 au 28 avril a été marquée par de faibles attaques ottomanes, les Français disposent à l’aube du 28 avril de l’ensemble du 175ème R.I. et du 1er Régiment de Marche d’Afrique (R.M.A.) pour poursuivre l’offensive, timidement engagée la veille, pour s’emparer de Krithia et d’Achi Baba.
A 6h45, l’ordre suivant est transmis aux deux régiments : « Les troupes anglo-françaises doivent attaquer Krithia, s’en emparer , et atteindre ensuite les hauteurs d’Achi Baba en fin de journée. Les troupes anglaises (29ème Division) doivent opérer entre la côte nord et la ligne télégraphique reliant Sedd-ul-Bahr à Kilid Bahr, les troupes françaises entre cette ligne et la côte sud-ouest. Le mouvement commencera à 8 heures. »
En maintenant les troupes françaises sur la droite de leur ligne, les Britanniques respectent un vieux rite honorifique consistant à placer les meilleures unités sur la droite, mais ils exposent durablement les unités du C.E.O au feu des batteries turques de la rive asiatique.
A 8h30, les deux régiments sont enfin en place : le 175ème R.I ouvre la voie, son 3ème bataillon à droite en avant de la cote 236, le 1er bataillon au centre, et le deuxième à gauche en liaison avec les Britanniques.
Une fois encore laissons la parole au J.M.O pour nous immerger dans l’action : « Dès le commencement de l’offensive, l’ennemi en force et bien dissimulé offre une résistance énergique. Nos pertes sont élevées, cependant notre ligne progresse lentement jusqu’à 11 heures. A ce moment, l’attaque anglaise s’étant arrêtée, notre ligne reste sur sa position.
A 11 heures 50, le général Vanderberg (NDLA : commandant la 1ère brigade du C.E.O), qui a débarqué dans la matinée, arrive sur le terrain de l’action et prend le commandement. Il porte les deux bataillons du 1er R.M.A. en 1ère ligne, le 1er à droite du 3ème bataillon du 175ème R.I., le 3ème à gauche de ce même bataillon entre lui et le 1er bataillon du 175ème R.I., puis il donne l’ordre suivant : « L’attaque est reprise. Premier objectif : embouchure du Kérévès Déré – cote 300 ; deuxième objectif : pentes sud-est d’Achi Baba. »
La progression, sous un feu violent d’artillerie, de mousqueterie et de mitrailleuses est très pénible. Cependant à 13 heures, le général de brigade donne l’ordre : » Les Turcs sont en fuite devant les Anglais, marchez résolument et attaquez partout avec la plus grande énergie. »
Dès la reprise du mouvement, notre ligne est clouée au sol à 200 mètres de puissantes tranchées couvertes par des mitrailleuses. Il est impossible de franchir le Kérévès Déré. La situation reste stationnaire jusqu’à 17h30. »
Dans le même temps les troupes britanniques reculent après avoir échoué devant Krithia au prix de lourdes pertes. Le général Vanderberg n’a plus d’autre choix que d’ordonner à son tour un mouvement de repli vers les positions occupées le matin. Ce cuisant échec a coûté la vie à 56 soldats français dont 5 officiers, mais 184 portés disparus, morts ou blessés . On déplore également 756 blessés dont 22 officiers.
SYLVAIN FERREIRA
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