15 mai 1915 : Gouraud prend le commandement

Suite à sa nomination quelques semaines auparavant, le général Gouraud débarque aux Dardanelles pour succéder au général d’Amade à la tête du Corps Expéditionnaire d’Orient. Comme d’Amade, Gouraud est un officier formé au rythme de la construction de l’Empire colonial français, mais à l’inverse de son prédécesseur il jouit du très bonne réputation au sein de l’Armée.

Issu d’une famille de médecins, Gouraud voit le jour en 1867 à Paris. Il embrasse la carrière militaire influencé par le souvenir de l’occupation de 1870-71 alors qu’il n’a que 4 ans. Son choix pour la « Coloniale » vient d’un autre souvenir d’enfance lié à son grand-oncle, officier, mort des fièvres à Constantine en 1848. Mais par-dessus tout c’est son goût pour l’Histoire qui le motive à entrer à Saint-Cyr à la sortie du lycée. Il est reçu au concours de 1888 avec la promotion du « Grand Triomphe » (cette promotion donnera près de 60 généraux à la France). À sa sortie de l’école, le jeune officier souhaite partir pour l’Afrique, mais son père s’y oppose et il est finalement affecté au 21ème Bataillon de Chasseurs à Pied à… Montbéliard.

Finalement, il rejoindra l’Afrique en 1894 au Mali. Il tombe sous le charme du continent et de ses habitants dont il fera l’éloge plus tard dans « Souvenirs d’un Africain ». Sa santé robuste lui permet de résister aux rigueurs climatiques qui épuisent tant d’Européens.  De 1894 à 1911, Gouraud est en permanence en Afrique (Mauritanie, Tchad, Niger). Il y acquiert l’expérience du combat et s’y révèle comme un chef de guerre efficace. Il développe également ses talents d’administrateur et d’organisateur. Un avancement rapide et de nombreuses décorations sanctionnent ses états de service. Parti comme jeune lieutenant en 1894, dix-sept ans plus tard, lorsqu’il est affecté au Maroc aux côtés de Lyautey, il est déjà colonel et commandeur de la Légion d’Honneur.

Gouraud

Le général Gouraud à son arrivée aux Dardanelles avec des officiers français et britanniques.

Lorsque la guerre survient, il rentre en France à la tête de la 4ème brigade marocaine. Le 15 septembre, il est nommé général de division et prend la tête de la 10ème D.I. Il redonne une âme à cette troupe démoralisée suite à la mort de son chef, tué au combat. Le 23 janvier 1915, il est nommé au commandement du Corps d’Armée Colonial dans le secteur de Beauséjour-Massiges. Il participe alors aux nombreux combats de la première bataille de Champagne. C’est donc fort logiquement qu’il est choisi par le gouvernement pour remplacer d’Amade à la tête du C.E.O.

SYLVAIN FERREIRA