4 juin : troisième bataille de Krithia

Après les deux premières tentatives pour prendre Krithia et franchir le Kévérès Déré, les franco-britanniques déclenchent une troisième offensive le 4 juin 1915 après un bombardement d’artillerie plus intense et plus précis que les fois précédentes. Cette offensive ne comporte aucune manœuvre. Il s’agit d’une poussée sur l’ensemble du front.

Pour réussir, Gouraud a fait pratiquer de nombreux aménagements des lignes françaises pour les consolider mais aussi pour les approcher au plus près des premières lignes turques afin de réduire le temps passé par les troupes assaillantes en terrain découvert. Il a également veiller à organiser les deux divisions dont il dispose maintenant pour qu’elles attaquent avec un régiment en réserve pour soutenir l’assaut en cas de pertes élevées au sein des unités d’attaque. Des stocks de munitions ont également été organisés en première ligne pour « nourrir » les feux d’infanterie.

Dans les jours qui précèdent l’offensive, les pilotes de l’escadrille MF 98 T ont réalisé de nombreux repérages afin de régler les tirs des batteries d’artillerie française. Avec plus de pièces disponibles, Gouraud espère réduire les défenses turques avant l’assaut des fantassins et éviter les lourdes pertes des deux batailles précédentes. De plus, la Royale doit apporter son concours. Le croiseur Latouche-Tréville accompagné de trois contre-torpilleurs et de deux chalutiers blindés et armés doivent bombarder les positions ottomanes le long de la côte  l’embouchure du Kérévès Déré.

Malheureusement, les bombardements ciblent en priorité les batteries ottomanes et les réserves placées en seconde ligne. Aussi, à quelques rares exceptions, lorsque les fantassins aborderont la première ligne turque, les réseaux de barbelés seront intacts ainsi que les nids de mitrailleuses. Le plan prévoit un mouvement d’ensemble à compter de midi en coordination avec les Britanniques qui bénéficient sur leur gauche du soutien de 6 batteries françaises de 75.

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Artilleurs français posant sur leurs pièces avec leurs collègues britanniques.

Le 4 juin à 11h, le bombardement commence, les batteries turques sont réduites au cible et les coups portent grâce aux repérages aériens. A midi, les hommes partout sortent des tranchées, une fois encore baïonnette au canon en poussant des cris comme le précise le JMO du 1er R.M.A. La Royal Naval Division et la 2ème Division française parviennent à s’établir par endroit dans les premières lignes turques au centre de la ligne. Sur la plage à l’extrême droite du dispositif, le 1er R.M.A ne peut progresser car le 175ème RI plus à gauche a été décimé en sortant des tranchées par un feu puissant de mousqueterie et de mitrailleuses. Les légionnaires ne pourront faire un bon en avant de 150 m qu’à la tombée de la nuit. Dans tout le secteur de la 1ère Division aux ordres de Masnou, les pertes sont lourdes et aucun gain substantiel n’est constaté.

Tout au long de l’après-midi, Gouraud tente de relancer l’assaut en faisant donner l’artillerie de campagne mais aussi navale. Le chalutier blindé « Rateau » est touché par un obus ottoman et doit être remorqué. La nouvelle tentative des hommes du général Masnou échoue.

Gains insignifiants pour la 1ère DI du général Masnou.

Gains insignifiants pour la 1ère DI du général Masnou.

A la nuit tombée, les seuls gains de terrain se limitent à quelques centaines de mètres en avant des positions de la 2ème Division française et sur sa gauche chez les Royal Marines. Le bilan est terrible. Les pertes françaises s’élèvent à 2029 hommes tués, blessés ou disparus dont 31 officiers. Hamilton décidera néanmoins de reprendre l’offensive le lendemain.

SYLVAIN FERREIRA