21 juin 1915, nouvel assaut sur le Kévérès Déré

Après le cuisant échec de l’attaque du 4  juin dans le secteur du Kévérès Déré, Gouraud décide de repartir à l’assaut uniquement dans ce secteur afin de concentrer toute l’artillerie alliée sur un seul point d’attaque et enfin rompre le front ottoman.

Positions françaises (surlignées en rouge) et positions ottomanes (surlignées en vert) avant l'attaque.

Positions françaises (surlignées en rouge) et positions ottomanes (surlignées en vert) avant l’attaque.

Le 21 juin à 2h30, les patrouilles du 176ème RI effectuent des sorties sous le couvert de l’obscurité pour couper les fils de fer barbelés et constatent que les Ottomans ont abandonné le point Y. A 5h15, l’artillerie ouvre le feu sur les positions turques. Cette fois, les Français bénéficient du soutien d’une pièce d’artillerie tous les 10 mètres. Les canons du cuirassé « Saint-Louis » prennent pour cibles les batteries ottomanes de la rive asiatique, notamment les canons sous casemates du point I54. Pour guider les tirs et observer les réactions des Ottomans, l’escadrille MF 98 T est entièrement mobilisée. Son aide sera précieuse tout au long de la journée en repérant les mouvements des renforts turques.

A 6h, comme prévu, partout sur la ligne de front l’infanterie sort des tranchées. Dès 6h10, le colonel Girodon rend compte que la première ligne turque est entre les mains du 176ème RI malgré une forte fusillade en provenance de la deuxième ligne. L’attaque se poursuit néanmoins avec le soutien du 2ème Régiment de Marche d’Afrique. Les positions turques de la seconde ligne entre les points X et Z »’ sont occupées malgré de lourdes pertes ; le colonel Girodon est blessé.

Entre les points F et G dans le secteur d’attaque de la 1ère Division, la progression est plus difficile dès le départ. Le 6ème Régiment Mixte Colonial prend les points G et G’ mais il est rejeté sur ses positions de départ. Le lieutenant-colonel Noguès est blessé et évacué. Les unités rejetées se mêlent aux unités de réserve et la confusion règne pendant plus d’une heure dans la première ligne retardant d’autant la reprise de l’attaque. Une nouvelle attaque est tentée en début d’après-midi mais elle échoue. Il faudra attendre 18h pour que deux bataillons du 1er R.M.A aux ordres du colonel Nieger finissent par prendre à la baïonnette les positions de la ligne G’-G-F en subissant de lourdes pertes.

Situation le 23 juin.

Situation le 23 juin.

Les combats se poursuivront encore le 22 et le 23 juin mais pour des gains mineurs. Le bilan de l’attaque a montré que la méthode choisie par Gouraud est la bonne. La concentration de l’artillerie (31 400 coups tirés) et la coordination avec les avions d’observation a permis non seulement de préparer le barrage d’artillerie mais aussi de repérer tous les mouvements de renforts initiés par les Ottomans. Pour la première fois, les Turcs de la 2ème division ont perdu plus d’hommes, environ 6 000, que les Français pourtant assaillants (3 200 pertes dont 506 morts). Pourtant, le front n’est pas percé et les gains territoriaux restent minces et le plateau bordant le Kérévès Déré n’est toujours pas aux mains des Alliés.

SYLVAIN FERREIRA