Le 1er mai à 20h, les Turcs contre-attaquent

Après l’échec allié du 28 avril, Liman von Sanders ne peut pas rester inactif. Il est pressé par Enver Pacha de rejeter définitivement les Alliés à la mer. Pour cela, dès le 30 avril, von Sanders peut compter sur plus de 18 000 hommes rassemblés au sein des 9ème et 7ème Division d’Infanterie. Pour ne pas s’exposer aux tirs de la flotte alliée, l’offensive turque devra se dérouler de nuit. Le 1er mai à 20h, les premières reconnaissances turques sondent la ligne française.

Vers 22h, l’ensemble du dispositif allié est abordé par les troupes turques de la 7ème Division d’Infanterie qui profitent de l’obscurité pour progresser. La droite française est particulièrement visée entre le rivage et le ravin nord de la cote 236. Il faut engager très rapidement un bataillon du 175ème RI et deux sections de mitrailleuses pour soutenir le 1er Régiment de Marche d’Afrique. Les Turcs sont parvenus par endroit à « venir se faire tuer sur les parapets des tranchées. »

Mouches-sur-cadavres-turcsLR

Cadavres turcs abandonnés devant les positions françaises.

L’attaque ayant échouée dans ce secteur, les Turcs modifient leur axe de progression et à 2h du matin, ils abordent les positions de la brigade coloniale installées au nord de la cote 300. Cette fois, c’est au tour de deux compagnies du 3ème bataillon (Légion Etrangère) de secourir leurs camarades coloniaux. Grâce à cette intervention, les Ottomans sont repoussés alors qu’ils avaient pénétré par endroit dans les tranchées de première ligne du 3ème bataillon. Les hommes se battent parfois à la baïonnette.

A 3h, les deux dernières compagnies du 3ème bataillon sont à leur tour engagées pour soutenir la brigade coloniale. Les 2 compagnies du 1er bataillon du Régiment de Marche d’Afrique tiennent le terrain entre le ravin au nord de 236. Partout le combat est acharné. Malgré leurs pertes effroyables, les soldats turcs continuent d’avancer sous le feu français. L’artillerie française (batteries 31/1, 33/1 et 32/8) installée sur Old Castle entretient un barrage continu qui contribue à arrêter les Ottomans. La seule batterie 32/1 tire 2 100 obus en quelques heures.

A 3h15, une contre-attaque est décidée et les clairons sonnent la charge, sur toute la ligne les hommes se ruent en avant, le lieutenant-colonel Philippe qui commande le 175ème RI mène son régiment et tombe grièvement blessé, le commandant Linarès le remplace. Le général Vanderberg est lui aussi grièvement blessé. Les Turcs refluent vers leurs lignes. Les Britanniques installés à la gauche du C.E.O soutiennent l’attaque.

A 4h15, les troupes françaises parviennent aux abords de positions ottomanes sur le Kévérès Dévé. Elles sont accueillies par de violents tirs de mitrailleuses solidement retranchées ainsi que par un barrage d’artillerie. Le général d’Amade décide pourtant de poursuivre l’attaque d’autant qu’à partir de 6h30 la 29th Division s’engage dans le combat.

Pourtant, faute d’un soutien d’artillerie efficace des Britanniques, l’offensive ne progresse plus. Les officiers ont payé un lourd tribut et leur absence pénalise la coordination des attaques des différents régiments qui en plus se sont mélangé au cours de la charge. Le 1er Régiment de Marche est commandé par un capitaine ! Le lieutenant-colonel Foulon a lui aussi été blessé.

Au matin du 2 mai, le C.E.O déplore la perte de 320 hommes tués dont 19 officiers, 1676 blessés (dont 36 officiers) et 467 disparus.

SYLVAIN FERREIRA